
Muna moto ou l’enfant de l’autre est le premier long-métrage du réalisateur Camerounais Dikongué Pipa sortie en 1975 et primé par l’étalon d’or de Yennenga lors de la 5e édition du Fespaco, Tanit d’argent aux Journées cinématographiques de Carthage, Tunis en 1976, Grand Prix au Festival International du Film de l’Ensemble Francophone, Suisse en 1975, Sélection officielle à la Mostra de Venise, Italie en 1975. Muna moto est l’histoire d’un jeune homme Ngonda qui voit son fiancé lui filer entre ses doigts, car il n’a pas la capacité de payer le dote, son oncle qui devait le payer pour lui, l’évince pour faire de la jeune fille Ndomé sa cinquième épouse. Ainsi commence une rivalité entre l’oncle et son neveu tout comme dans Yeelen de Souleymane Cissé la rivalité entre le père et fils.

Muna Moto filmé en noir et blanc tourné en trois langues le français, le douala et le bassa est un film dramatique, le réalisateur nous montre le poids de la tradition sur une société qui change de par sa mentalité, ses sentiments et choix. Mbella l’affirme ainsi dans le film l’ami de Ngonda en ces termes << nous avons trop obéit, il faut qu’on nous écouter >>. Et Ngonda en ajoutant cela « Mon oncle est con, les parents de Ndomé sont cons, et plus cons encore ceux qui ont inventé la coutume de la dot, sans oublier ceux qui l’acceptent. Je suis con moi-même parce que je ne peux pas changer cela ». Pipa décris une tradition fragile, injuste qui favorise le plus riche en détruisant le pauvre.

Un film poétique, des dialogues bien pointus Dikongué a bien ficelé le scénario. Les gros plans sur les acteurs permettent de découvrir de près leur expression tout en magnifiant leur beauté ébène. Avec un montage d’André Davanture qui donne vie à l’histoire surtout les transitions et les flash-back alors que plusieurs monteuses ont déclaré le film inmontable. André Davanture qu’on retrouvera d’ailleurs sur le banc de montage des films de Souleymane Cissé et de plein d’autre réalisateur africain. Muna Moto ou l’enfant de l’autre un chef d’œuvre classique du cinéma africain.
Malick SANGARÉ
JOURNAL DU CINÉMA ET DE LA TÉLÉVISION
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