
Pour la première fois dans l’histoire du cinéma nigérian, un film est officiellement sélectionné au prestigieux Festival de Cannes. En mai 2025, My Father’s Shadow d’Akinola Davies Jr. fait son entrée remarquée dans la section « Un Certain Regard », marquant un tournant symbolique pour l’industrie cinématographique du Nigeria et, plus largement, pour le cinéma africain contemporain.
Ce film poignant, à la fois intime et universel, plonge dans les souvenirs d’enfance de son réalisateur. Inspiré de sa propre histoire familiale, My Father’s Shadow est un récit semi-autobiographique coécrit avec son frère Wale Davies, également connu dans la sphère musicale sous le nom de Télus. Le long-métrage explore les liens complexes entre héritage, identité et transmission à travers le regard d’un jeune homme confronté au silence émotionnel d’un père profondément marqué par les non-dits.
Tourné entre Lagos et Londres, le film déploie une mise en scène subtile, servie par une photographie élégante et une narration introspective. Akinola Davies Jr., déjà remarqué pour ses courts-métrages primés et ses vidéoclips à forte charge esthétique, signe ici son premier long-métrage avec une maturité artistique indéniable.

Le choix du comité de sélection de Cannes est perçu comme une consécration pour Nollywood, longtemps cantonné à une production de masse peu reconnue sur la scène des grands festivals internationaux. Cette sélection vient valider un mouvement de fond : l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes nigérians qui bousculent les codes narratifs et esthétiques du continent, tout en dialoguant avec les préoccupations contemporaines de l’Afrique et de sa diaspora.
Interrogé à Cannes, Akinola Davies Jr. a déclaré :« Ce film est une lettre ouverte à mon père, mais aussi à tous ceux qui cherchent à comprendre d’où ils viennent pour mieux savoir où ils vont. Je suis honoré que cette histoire profondément personnelle trouve un écho ici, à Cannes. »
La projection de My Father’s Shadow a été saluée par une standing ovation et suscite déjà de nombreuses discussions dans les cercles critiques. Le film pourrait bien figurer parmi les favoris pour le Prix « Un Certain Regard », mais au-delà des récompenses, c’est déjà une victoire historique pour le cinéma africain.
Malick SANGARÉ
Journal du Cinéma et de la Télévision
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